POMPS

Si la passerelle sur le Luy de Béarn vous était contée....

Revenons au début du XXème siècle. Pour se rendre à Morlanne , où sont réunis les principaux services de tous ordres, nous devons choisir deux itinéraires à partir du carrefour face à l’église:

à droite, le chemin vicinal qui passe devant la maison Vignancour, puis le moulin,

à gauche, le chemin dit des “auques “ qui aboutit au gué dit “ dou Castet “,   se poursuit sur les propriétés du Château  et de Brana et franchit un second gué pour déboucher près du pont Marguerite sur la route départementale..

Les deux itinéraires arrivent devant le château de Morlanne à l’entrée de la rue principale : la « carrère ».

Aujourd’hui, nous allons nous détendre sur les bords du Luy  et emprunter la passerelle qui enjambe la rivière..

Sur la passerelle actuelle, nous nous arrêtons à mi parcours sur le pilier central    soit 3 m au dessus du courant, lorsque une voix cristalline nous interpelle : 

Et si  mon histoire vous était contée ....

Le gué (  lou goa ou goé ) est à la rivière ce que l’orée est au bois . Il n’est praticable à pied que l’été, d’où la nécessité de construire à proximité un pont  léger pour piétons.

Le  pilier central témoigne du premier projet qui fut interrompu par la guerre en 1914.

A   la fin du conflit, est réalisée une passerelle dite de charpentier, construite par un charpentier très adroit habitant Morlanne, nommé Hite. Sur chaque berge, étaient implantées solidement dans le sol des structures en bois de chêne qui faisait office de piliers sur lesquels étaient placées, pour chaque travées, deux poutres taillées dans des fûts de chêne. Des madriers constituaient le tablier  large d’un mètre   avec une rambarde légère : un simple fil de fer fixé sur des fers en T. Une échelle aux barreaux plats permettait l’accès au tablier côté gauche ; sur la rive droite, le talus affleure. Les manutentions diverses sont effectuées sur place avec des attelages de bœufs et le concours des artisans  locaux.  Les deux travées étaient en pente douce des berges vers le centre ; l’ensemble ressemblait aux ponts en dos d’âne du Moyen Age.

Cette passerelle résiste aux crues jusqu’en 1938. Deux piliers en ciment armé sont construits sur les berges avec du ciment hydraulique, ancrés sur la couche calcaire qui affleure à plusieurs  endroits. Les portées ( 11,60 m et 9,30 m ) sont  assurées par des poutres en chêne équarries sur place et  provenant d’arbres à haute futaie offerts par la famille Vignancour. Le tablier est constitué   de madriers en chêne d’un mètre de large et de cinq centimètres d’épaisseur comparables aux traverses des voies du chemin de fer. Les arbres sont offerts par la famille du château  et débités dans la scierie de Lucien Laulhé chez  Larioü à Pomps. Sur la rive gauche, des gabions remplis avec des galets de la rivière assurent l’accès au tablier. Une rambarde en fer forgé est fixée au tablier et une autre en bois pour la rampe en gabions. Le chantier se termine au moment de la signature des accords de Munich, le 30 septembre 1938, dans un climat d’inquiétude.

En 1977, le remplacement d’une poutre s’avère nécessaire pour la sécurité de l’ouvrage.

En 1979, la reconstruction en totalité de la passerelle s’avère nécessaire.

Les poutres de bois sont remplacées par des poutres en fer I.P.N. galvanisées dans un atelier landais par les soins de Jean Larrus, ferronnier à Pomps. Le tablier d’une largeur de 1 m reste constitué par des madriers en chêne. La rambarde de 1,10 m est renforcée. Sur la rive gauche, le gabion est maintenu à la base et l’accès au tablier est assuré par un escalier métallique de quatre marches.

Ces projets ont été engagés par les municipalités  présidées respectivement par Albert Lafore, Laurent Camguilhem et Claude Fourquet sous la direction des ingénieurs des travaux publics de l’Etat .