Lous paloumaïres .

 

     Lous paloumaïres désignent en Béarn les passionnés de la chasse à la palombe : ce pigeon ramier au plumage bleuté qui migre vers le Maroc en octobre et novembre dans le ciel du Sud Ouest.

     A Pomps, les premiers passionnés sont encore présents dans la mémoire collective : Henri Latreille et Vincent Fourcade , son cousin, à l’accacia, Albert Marcou, Damien Sainte Cluque et Michel Larquier au grand hay , Jean Marie Joandet et François Labat à Moundèu construisirent leurs palombières ( paloumères ) sur l’éperon calcaire dit «  Larroque «  couvert d’une forêt dense de chênes et de hêtres  qui domine la vallée du Luy de Béarn et qui permet de voir, au loin, l’arrivée des vols.

Après la seconde guerre mondiale, Albert Cauhapé installa une palombière dans un bosquet situé près du lieu dit «  Bigne de Vignancour «  dominant un champ «  lou barrés «  cultivé de maïs  dont les grains sont appréciés par ces oiseaux au même titre que les glands et les faînes.

Ces palombières étaient construites au sommet d’arbres à haute futée : un chêne ou un hêtre Elles pouvaient recevoir trois ou quatre personnes avec les cages des appeaux et des provisions pour la journée. Les parois extérieures étaient tapissées de fougères laissant quelques meurtrières pour le tir. Une longue échelle rustique confectionnée sur place permettait d’accéder à la cabane : la montée était relativement facile, la descente beaucoup moins : gare au vertige !  Sur les arbres voisins étaient installés les appeaux ( ou appelants ) qui sont des pigeons domestiques ou des palombes capturées vivantes attachés sur des leviers à bascule . Ils étaient actionnés à l’aide de câbles. En basculant, les supports provoquaient des battements d’ailes des oiseaux captifs simulant une pose sur les branches et attirant, ainsi, les palombes de passage.

         Au pied de l’arbre était aménagée une petite cabane pour les invités et pour le chasseur chargés de ramasser les palombes tuées et tombées sur un sol qui avait été auparavant nettoyé.

         Lorsque le vol était posé, un coup de sifflet discret donnait l’ordre de tirer sur l’oiseau repéré individuellement.

     Cette activité a donné lieu aux adages ci-après qui illustrent les périodes marquantes du passage des palombes :

A Sen miquèu- appèu

( A la St Michel – 29 septembre appeau – on commence )

A Sen Luc – lou gran truc

( A la St Luc – 18 octobre le grand coup dur, sec )

A Sen Grat 19 octobre-,lou gran patac

( A la St Grat, le grand coup bruyant )

A Sen Martérou- la flou

( A la Toussaint, Ier novembre la fleur – les meilleures )

A la Sen Marîti- la fî

( A la St Martin,- 11 novembre – la fin ).

Pour bien clore la saison, nos chasseurs dégustaient un délicieux salmis de palombes cuisinés avec amour et arrosé d’un vieil armagnac chauffé dans le creux de la main pour mieux humer les effluves de parfums de violettes ou de prunes selon les crus . Et en somnolant au coin de l’âtre, devant un grand feu flamboyant, venaient, à l’esprit, ces vers nostalgiques de Guillaume Apollinaire :

Les souvenirs sont cors de chasse

Dont meurt le bruit parmi le vent

Pierre Frouté -.Laurent Camguilhem